En congé maladie depuis janvier et jusqu’à nouvel ordre, on n’accorde plus que quelques semaines à vivre au génie qui créa Apple et Macintosh. Retour sur la vie du techno gourou.

1955 : un homme comme les autres. On le dit tyrannique, génial, précurseur visionnaire et tortionnaire à toute heure. Mais Steve Jobs est d’abord un homme comme les autres: né le 24 février 1955 à San Francisco d’un père syrien et d’une mère américaine, il est finalement adopté par les Jobs.

1972-1974 : le Homebrew Computer Club. Steve Jobs abandonne rapidement ses études mais poursuit des cours de calligraphie. Ceux-ci l’influenceront des années plus tard pour la conception de polices de caractères à chasse variable (espace entre les lettres). Il suit quelques cours en auditeur libre mais se montre surtout assidu au Homebrew Computer Club, cercle de hippies geek précurseurs pour qui l’avenir appartient à l’informatique. Jobs y rencontre son ami et futur associé Steve Wozniak, technicien de génie.

1976 : un poisson d’avril nommé Apple. Les deux Steve rejoints par Ron Wayne créent la société Apple le 1er avril. Clin d’œil au déjà très végétarien Jobs se nourrissant principalement de pommes dans le labo/garage familial. Jusqu’au-boutistes, ils retiennent le nom de Macintosh pour leur premier ordinateur. Hommage à ces variétés de pommes que Jobs récoltait lors de ses jobs étudiant dans la région de la Silicon Valley.

1980 : le millésime. Apple entre en bourse et fait de ces trois petits génies des millionnaires. En 1982, à tout juste 27 ans, Steve Jobs entre dans le Fortune 400 et devient le plus jeune à intégrer le classement.

1983 : Pepsi et la souris. Apple décide d’engager un nouveau PDG. Steve Jobs rencontre de nombreux candidats et se tourne finalement vers John Sculley de Pepsi-Cola qu’il convainc de cette phrase désormais culte: « Vous comptez vendre de l’eau sucrée toute votre vie ou vous voulez changer le monde avec moi? » Touché par le charisme de l’hippie mangeur de fruits à barbe d’ours et aux yeux de cowboy, Sculley se jette à l’eau.
La même année, Jobs réussit un coup hors-norme en rachetant à Xerox son brevet de souris d’ordinateur. Xerox n’a pas senti ce que Jobs sait depuis longtemps: l’avenir de l’ordinateur personnel passe par cette évolution. Quelques mois plus tard sort Lisa, ordinateur à interface graphique et équipé de la fameuse souris.

1984 : l’année Big Brother. L’année emblématique du roman de science-fiction de George Orwell, le premier Macintosh est lancé sur le marché, cette fois pour le grand public, toujours avec l’interface graphique et la souris. Le projet perso de l’un des ingénieurs d’Apple, Jeff Raskin, fait un carton et Macintosh se forge une réputation solide dans le monde du design. Steve Jobs présente l’ordinateur lors d’une de ces conférences Keynote dont il a le secret, et lance sa fameuse phrase énigmatique censée clore la présentation : « One more thing… » qui annonce à chaque fois une surprise. D’ailleurs, on se souvient encore de la pub audacieuse deux décennies après.

1985 : la rupture. Ironie du sort : un an après, Jobs est évincé de sa propre entreprise par le patron qu’il avait lui-même choisi, John Sculley. Pas du genre à se lamenter mille ans, il co-fonde la société NeXT Computers, et rachète les studios d’animation Graphics Group, connus aujourd’hui sous le nom Pixar, qui cartonneront 10 ans plus tard avec le lancement du premier film réalisé entièrement avec un ordinateur, Toy Story.

1996 : pacte avec l’ennemi. En difficulté, Apple signe un partenariat avec Microsoft et en profite alors pour acquérir NeXT, qui avait développé un bon système d’exploitation (le X du système Mac OS). Steve Jobs rôde donc à nouveau du côté d’Apple.

1997 : le grand retour. Conseiller spécial du président d’Apple Gil Amelio depuis quelques mois, Steve Jobs l’évince et reprend enfin ses droits, pour ne plus les lâcher : il devient donc interim « Chief executive officer » aka iCEO, puisqu’il continue ses fonctions de PDG chez Pixar. Depuis ce jour, il se fait payer par Apple un dollar symbolique par mois, étant déjà détenteur de stock-options dans la société.

2000 : le sacre de Steve Jobs. A l’occasion de la MacWorld expo à San Francisco, Steve Jobs annonce qu’il devient président-directeur général : on retire donc le ‘i’ de iCEO et Jobs de concilier les deux postes de front. Les employés et collaborateurs sont largement enthousiastes.

2004 : le talon d’Achille… Tout réussit à Apple sous l’impulsion de Jobs:iMac en 1998,iPod en 2001, iPhone en 2007 – on ne compte plus les inventions qui font d’Apple le boss du marché de l’informatique ingénieuse et créative, du Nano en passant par le récent iPad. Mais ça commençait à être trop beau pour être vrai : en juillet, Steve Jobs se fait opérer pour ce qu’il pense être un souci de santé passager, une tumeur qui finira par ressembler d’un peu trop près à un cancer du pancréas.

2008 : la résurrection. Le 27 août, l’agence de presse Bloomberg publie accidentellement une longue nécrologie de Steve Jobs. L’article de 17 pages est retiré immédiatement après sa publication, mais l’idée a fait son chemin : Steve Jobs est bien plus malade qu’on ne le pensait.
Le 17 janvier 2011, Jobs fait savoir par une note interne qu’il prendra un congé pour raison de santé, sans précision cette fois quand à la date de retour. En attendant, la présentation de l’iPad 2 est prévue pour le 2 mars. Les geek, déjà nostalgiques, anticipent les évènements et pleurent la fin d’une époque.

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